Cela faisait maintenant une demi-heure que je l'attendais mais je n'arrivais pas à être énervé. Contrairement à la semaine dernière j'étais dans ce que j'appelle "la phase rapide". Pour faire court je parle vite, je réfléchis vite, je ne dors pas et j'ai l'air fou. Cela fait d'ailleurs deux jours que je n'ai pas dormis mais c'est pas grave, Joy est plus importante.
Je commençais à avoir des TIC, je sentais ma jambe bougeait de plus en plus vite, je me rongeais les ongles tout en regardant de tous les côtés et je sentais que je transpirais. Peut-être m'avait-elle envoyé ce message pour me faire galérer ? Peut-être ne comptait-elle pas venir ? Je commençais à douter sérieusement d'elle quand j'entendis des talons claquaient. Je tournais ma tête d'un coup et je la vis s'approcher de moi, un gobelet à la main, buvant tranquillement avec sa paille comme si elle était à l'avance.

- Tu es en retard. Tu es courant ?

Elle leva les yeux au ciel et se planta droit devant moi en me regardant comme si elle attendait une réponse de ma part.

-Tout d'abord je voulais m'excuser pour ce qu'il c'est passé au bal, j'étais pas moi-même. Enfin si mais.. c'est compliqué.

Elle me regardait bizarrement alors je pris la décision de changer de sujet. Je savais que je parlais vite et je faisais tout mon possible pour paraître moins fou.

- Je.. je suis vraiment désolé.

Non tu ne l'es pas dis lui. Si je le suis. Je le suis. Tu la hais. Elle t'as abandonné. Elle t'as insulté. Elle t'as ignoré. Non!

Je commençais à transpirer de plus en plus, je ne savais pas comment me calmer.

Après tout ce que Cameron m'avait envoyé au visage, je n'avais pas pu rester au bal comme si de rien n'était. Pour faire court, il m'avait pourri ma soirée. Puis il m'avait envoyé un sms tout gentil, tout doux. Comme si ça allait effacer ce qu'il m'avait dit ! Il me prenait pour une idiote ou il jouait avec moi? Dans les deux cas ça n'allait pas se finir bien.
J'avais ignoré tous ceux qui étaient venus me voir pendant une semaine ne pouvant me calmer. Je n'arrêtais pas de penser à lui, au bal, au message. Je m'étais dit que je n'allais pas le rejoindre, le laissant seul réfléchir à ce qu'il m'avait fait. Mais ma conscience m'avait poussée à y aller. J'avais traîné dans les couloirs, sirotant lentement mon coca. Après avoir tourné plusieurs fois ce que j'allais dire dans ma tête, je me décidais enfin à aller au point de rendez-vous.

Cet imbécile tournait en rond et avait vraiment l'air bête. Malgré le fait que je m'approchais doucement de lui, il m'entendit et se tourna vers moi. Sur un ton qui me déplu énormément, il me lança.

- Tu es en retard. Tu es courant ?

Je levais les yeux au ciel, j'étais en retard ? Sans rire ! Il me prenait pour une cruche ? S'il m'avait fait venir pour ça, je n'allais pas gardais mon sang-froid. Je me mis devant lui, le regardant avec insistance attendant qu'il me dise ce qu'il avait à me dire.

-Tout d'abord je voulais m'excuser pour ce qu'il c'est passé au bal, j'étais pas moi-même. Enfin si mais.. c'est compliqué.

Il m'énervait. Quand je le disais que ma situation avait été compliquée, il n'avait pas voulu me croire. Et il voulait que je lui fasse confiance? Hors de question ! Je me repassais en boucle la tirade que j'avais prévue lui dire mais lorsqu'il pas sur moi son regard triste en ajoutant.

- Je.. je suis vraiment désolé. 

Tout s'effondra. Je sentit en moi un mélange de colère et de tristesse, je ne fit pas attention à la panique qui le submergeait et gardant mon calme lui répondit sur un ton glacial.

- Je suis censée faire quoi, accepter tes excuses? Tu m'as gâché ma soirée et m'a balancé des trucs que j'ai pas encore digérés ! Et puis tu m'en mets plein la figure et au milieu de ton monologue tu me sors que tu m'aimais ! Tu me prends pour une princesse? J'ai pas toujours ce que je veux, tu en es la preuve! J'aurais voulu que ça se passe autrement la dernière fois...

Je m'étais dit quand dévoilant mes sentiments il me ferait à nouveau confiance. J'avais essayé de mettre le plus d'émotion dans ma voix tout en restant disante.

- Je suis censée faire quoi [...] que ça se passe autrement la dernière fois...

Je commençais à vraiment m'agiter, à me sentir mal et transpirer. Je détestais être dans cet état la, je ressemblais à un junkie en manque. Je "priais" pour que Joy ne remarqua pas ce changement de comportement et qu'elle ne s'enfuie pas devant mon air pathétique. Je n'arrivais plus à me concentrait et je ne remarqua pas de suite ce qu'elle venait d'insinuer.

- Je.. Je sais pas. dis-je en bégayant.

J'essayais de me concentrer afin de lui dire ce que je pensais et que je gardais pour moi depuis le bal mais j'avais beaucoup de mal. J'avais l'impression qu'elle me méprisait ce qui me bloquait encore plus.

- Je sais plus quoi dire. Je me sens vraiment pas bien. Je marquais une pause, Je dois couver quelque chose ou je sais pas. En tout cas je tenais à m'excuser.

Je voulais m'en aller, partir loin mais je voulais savoir si elle avait quelque chose à me dire, ou si enfin j'allais arriver à me concentrer. Des gouttes de transpiration coulait sur ma nuque et ma jambe bougeait de plus en plus vite, de plus en plus fort.

Quand ses yeux noisettes croisèrent les miens, je perdi encore tout mes moyens. J'avais envie de pleurer avec lui comme une gamine, j'avais envie de retourner à nos quinze ans et cette fois, je ne le laisserais pas partir quite à le séquestrer dans ma chambre.  Bien sûr, je n'aurais pas pu le garder plus d'une heure et aurais été obligée de le laisser sortir; Mais au moins j'aurais essayé. J'avais éte conne, et maintenant je le regrettais. Mais il m'avait blessé le soir du bal et je devais lui faire payer.

Je n'avais pas fait attention à ce qu'il m'avait dit la première fois et relevais la tête vers lui lorsqu'il reprit sa phrase.

- Je sais plus quoi dire. Je me sens vraiment pas bien. Je dois couver quelque chose ou je sais pas. En tout cas je tenais à m'excuser.

Il semblait stressé, ce qui ne le rendait on ne peut plus crédible. Mais j'avais envie de me vanger et j'allais le faire souffir. De plus, il n'avait pas fait attention à ce que je lui avais avoué. Il ne se sentait pas bien? Tant pis, j'allais l'aider à aller encore plus mal. Je m'approchais lentement de lui, essayant de poser legerement mes bottes sur le sol pour ne pas faire claquer les talons trop fort. J'essayais de ne pas fixer son doux regard qui me ferait perdre toute logique. Je posai une main sur sa joue en souriant avant de croiser les bras en me mordant la lèvre inférieure.

- Mon pauvre petit, je ne sais même pas quoi te repondre. Pourquoi tu es venu si tu es malade, tu va attraper encore plus froid! Tu m'as manqué malgré ce que tu semble croire, mais je pense qu'il me faudra plus que des excuses et un peu de temps pour avaler ce qu'il s'est passé.

- Mon pauvre petit, je ne sais même pas quoi te repondre. [...] ce qu'il s'est passé.

Comment osait-elle me traiter comme si j'étais un enfant ? Ne voyait donc t-elle pas pas plus loin que le bout de son nez ? Ne remarquait-elle pas mon changement de comportement ? La souffrance maintenant physique que je ressentais ? Les sentiments que je lui portais toujours ? L'appel à l'aide que je lui envoyais ?
Seulement je ne pus répondre à son attaque que par un bégaiement. Mon état me rendait incapable d'agir, je ne pouvais m'énerver contre elle et devenir violent. J'étais comme paralysé physiquement mais à l’intérieur mon sang ne fit qu'un tour. J'avais vraiment envie de la tuer. Vas-y Non non non non elle a le droit d'être énervé après la soirée du bal

- Je ne sais pas quoi.. quoi te ré.. répondre. Juste.. si je.. je t'ai manqué tant que ça.. mon bégaiement se calma soudain. Pourquoi n'a tu-pas essayé de me contacter ? Tu savais que j'avais mon téléphone et tu m'as vu chez moi quand j'y étais pour les vacances. Pourquoi ne m'as-tu pas tout simplement dis bonjour ? Un petit sms ne t'aurais pas tué c'est la seule chose que je demandais.

Après avoir sortie cette tirade qui était, comme par magie, sans bégaiement ma confusion revint soudain. Je n'arrivais pas à pleurer mais la transpiration coulait sur mes joues tel une larme, je suppose qu'on peut dire que c'est égal.